Les données
accumulées sont édifiantes. D’un simple point de vue quantitatif, à l’échelle
du pays, nous recensons environ 400 sites militaires et plus de 40 000
structures de type tranchées et talus (ce chiffre est certainement supérieur
car nous n’avons pas été en mesure matériellement de dessiner l’ensemble des
structures à l’intérieur des sites militaires). La grande majorité est
concentrée sur l’axe nord nord-sud, de la Jordanie à la Turquie en passant les
agglomérations. Les villes isolées à l’est, Racca, Deir ez-Zor, Hassaké, et
Kobané sont aussi concernées. Plusieurs constats peuvent être établis.
Depuis la première
photo aérienne disponible datant de 2000, soit 10 ans avant le déclenchement de
la guerre civile le 15 mars 2011, l’ensemble des 400 sites militaires étaient
déjà en place. C’est-à-dire que le pays était déjà extrêmement militarisé, avec
une densité à notre connaissance unique au monde, aussi bien au sein des
agglomérations qu’au regard de la superficie du territoire syrien.
Les tranchées et
talus sont en constante évolution depuis 2011 et ce jusqu’aux dernières photos
aériennes datant de fin 2014 à avril 2015 pour les plus récentes. Des fronts se
sont mis en place progressivement et continuent à se structurer. Il est
important de signaler que le rythme de mise en ligne des photos aériennes a
considérablement baissé. En 2015, seules 3 villes ont fait l’objet d’une
couverture ponctuelle, Damas (janvier et avril), Al Sheikh Maskin (février) et Racca
(février). Or le rythme restait croissant, avec par exemple sur Alep une photo
en 2010, cinq en 2011 et 2012, quatre en 2013 et sept en 2014. Dix-huit mois
sans nouvelle publication, cela revient à devenir aveugle.
La carte ci-dessous présente uniquement les sites militaires.